Une autre soirée au Manoir Wayne. Un nouveau gala de charité au profit de la ville. Un énième événement où je me devais de faire acte de présence pour ne pas marquer d'impolitesse l'ensemble des personnes présentes ce soir. Et disons franchement que je n'avais nullement ronchonner auprès d'Alfred quant au fait de demeurer Bruce Wayne ce soir. Il était désormais loin derrière nous l'époque où je ne pensais qu'à devenir la chauve-souris, et courir encore et toujours contre le crime. Certes, je n'avais certainement pas rompu avec cette habitude, mais la sagesse de l'âge m'avait presque permis de trouver un certain intérêt et un certain plaisir à demeurer l'homme, et profiter du bienfait de ce type de réception. Une alerte au crime ? Là, la donne serait différente et je ne me priverais aucunement pour disparaître dans l'un des recoins de mon immense demeure, prenant congé des convives à leur nez et à leur barbe ! Mais ne pensons pas au négatif, ni au pire. La salle de réception était comble. Plusieurs serveurs circulaient ça et là entre les invités, se perdant dans des racontars et un dévoremment des petits mets et autres verres de champagne circulant par dizaine sur des plateaux, voyageant constamment au coeur de la pièce. Je n'avais d'ailleurs pas dérogé à ce petit plaisir moi-même. Me contentant par occasion de faire honneur aux préparations du traiteur et au millésime des bouteilles entreposées dans les caves du Manoir.

Terminant quelques échanges avec un couple d'âge honorable, j'eus un petit sourire nostalgique en trouvant presque en eux une sorte de miroir potentiel de ce qu'auraient pu être mes parents à leur âge. Une pensée pertinente mais fugace, et sur laquelle je n'attarde pas trop mon esprit pour éviter de plonger dans les mêmes sempiternels souvenirs traumatisant. Je me contente d'échanger un regard entendu avec mon cher Alfred, passant à proximité en cet instant, profitant de l'occasion pour échanger mon verre vide avec un autre plus rempli. Je reprends mon jeu d'apparat, me faisant par ailleurs plus accoster que l'inverse je dois dire. C'est au détour d'une de ces nouvelles incartades proprement dites que je m'extirpe de l'invité concerné, offrant alors un geste de maladresse involontaire en voyant ma coupe de champagne se renverser sur le buste d'une femme qui, au premier coup d'oeil, ne me semblait nullement connue. « Oh, désolé... Je suis navré... »

Tenue